SA SAINTETÉ LE PAPE FRANÇOIS EFFECTUERA UN VOYAGE APOSTOLIQUE AU MOZAMBIQUE, À MADAGASCAR , À L’ÎLE MAURICE, DU 4 AU 11 SEPTEMBRE,
IL SERA À ANTANANARIVO LES 6, 7 ,8 ET 10 SEPTEMBRE.
LA GRANDE MESSE AVEC LE PAPE AURA LE LE DIMANCHE 8 SEPTEMBRE À SOAMANDRAKIZAY ANDROHIBE, À L' EST D'ANTANANARIVO.
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Par Jean-Marie Guénois.
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Publié le 30/03/2019 à 21:38
Le souverain pontife appelle mettre en oeuvre «avec
rapidité» les engagements du pacte de Marrakech
notamment par «l'élargissement de canaux migratoires
réguliers».
La première journée du voyage du pape au Maroc aura été
marquée par l'appel surprise commun lancé, avec le roi
Mohammed VI, pour protéger le «caractère spécifique
multireligieux» de Jérusalem, la «ville Sainte». Mais encore
plus par un discours presque sans précédent de François,
directement adressé «aux migrants», où il a une nouvelle
fois tempêté contre «l'indifférence et le silence» car
«personne ne peut être indifférent devant cette
souffrance». Il ne faut pas «se laisser conditionner par les
peurs et par l'ignorance», a-t-il recommandé, et devenir de
«vrais compagnons de voyage» des migrants.
Ils sont nombreux, Africains, en transit au Maroc pour
l'Europe. Il leur a parlé, samedi soir, dans un centre de la
Caritas (nom international du Secours catholique) à Rabat.
Un discours non retransmis par les canaux officiels du
pays, alors même qu'il devait l'être, en forme
d'encouragement à une «immigration sûre, ordonnée et
régulière», dans l'esprit du
«pacte de Marrakech» de l'Onu,
signé le 10 décembre dernier au Maroc
. Cette initiative a
toujours été appuyée par le Vatican: le cardinal Pietro
Parolin, premier ministre du Saint-Siège, était venu en
personne signer ce texte au nom du Pape.
«Considérer les migrants comme des personnes»
Cette intervention de François n'était du reste pas prévue
sous cette forme dans le premier programme initial du
voyage. Elle a été renforcée tant ce sujet est capital pour
lui. «Vous savez combien j'ai à coeur le sort, souvent
terrible, de ces personnes, qui, en grande partie, ne
laisseraient pas leurs pays s'ils n'y étaient pas contraints»,
avait-il confié, deux heures plus tôt, au roi du Maroc. Il
avait alors appelé «à passer des engagements pris» à des
«actions concrètes» pour considérer les «migrants comme
des personnes et non comme des numéros». Il avait alors
critiqué le repli occidental sur ce thème: «Ce phénomène
ne trouvera jamais de solutions dans la construction de
barrières» ou «dans la diffusion de la peur de l'autre».
Dans la simple salle blanche de ce centre, et devant 60
réfugiés, essentiellement de l'Afrique subsaharienne, dont
des petits enfants vêtus en rouge qui ont interprété une
danse, François a assuré: «Vous n'êtes pas des marginaux,
vous êtes au centre du coeur de l'Église.» Car «pour le
chrétien» un «migrant» est «le Christ lui-même qui frappe
à nos portes». Il a donc chaleureusement félicité les
responsables du centre pour leur action dont une jeune
française, Fanny Curet, responsable du département
migration de Caritas Rabat.
«Accueillir»
Commentant le pacte de Marrakech, François a donc
estimé qu'il était un «pas en avant» notamment pour
«prendre conscience» que ces réfugiés ne sont «pas
seulement des migrants, comme si leurs vies étaient une
réalité étrangère ou marginale qui n'aurait rien à voir avec
le reste de la société». Il faut donc «se laisser remuer et
toucher par celui qui frappe à la porte». Sans quoi, la
société perd sa capacité de compassion» et devient une
«société sans coeur… une mère stérile».
Le Pape a alors repris ses «quatre verbe» favoris pour
expliciter sa position sur l'immigration.
«Accueillir» en premier lieu. Ce qui «signifie offrir avant
tout aux migrants et aux réfugiés de plus grandes
possibilités d'entrée sûre et légale dans les pays de
destination». Il a alors proposé «un
élargissement des canaux migratoires réguliers» pour
contrer «les marchands de chairs humaines qui spéculent
sur les migrants».
«Protéger»
Mais il a aussi fortement attaqué «les formes d'expulsion
collective» qui ne «doivent pas être acceptées».
Sans la désigner publiquement, le souverain pontife faisait
notamment référence au blocage actuel de ce que l'on
appelle «la route marocaine» en raison de la politique
européenne d'externalisation des frontières
qui interdit tout passage, notamment par les enclaves
espagnoles au Maroc de Ceuta et Melilla, désormais
protégées par des murs infranchissables.
Deux cents candidats par jour sont repoussés en moyenne.
Ce sont donc par bus entiers que les migrants sont
reconduits sans ménagements, du nord au sud du Maroc,
où ils demeurent toutefois dans des conditions
humanitaires déplorables quand ils ne se cachent pas dans
les forêts du nord, près de Tanger.
Cette situation provoque aussi de nouvelles prises de
risques par les migrants: les victimes ont été multipliées
par deux. D'où la demande explicite du pape pour
«encourager» des «régularisations
extraordinaires» notamment pour les «familles et les
mineurs». «Protéger» a été le second verbe utilisé par le
pape, en particulier pour cette «route marocaine» réputée
très violente.
«Promouvoir»
«Promouvoir» les migrants fut son troisième axe de
réflexion car «personne n'est un déchet humain». Et que
«les sociétés d'accueil seront enrichies si elles savent
valoriser au mieux la contribution des migrants en
prévenant tout type de discrimination et tout sentiment
xénophobe». Ce qui aurait le mérite de créer «une forme
positive de responsabilisation des migrants» notamment
par «l'apprentissage de la langue locale», a-t-il souligné.
Promouvoir a-t-il ajouté - avec une insistance nouvelle sur
ce point - suppose aussi que «la promotion humaine des
migrants et de leurs familles commence aussi par les
communautés d'origine, là où doit être garanti, avec le
droit d'émigrer, celui de ne pas être contraints à émigrer,
c'est-à-dire le droit de trouver dans sa patrie des
conditions qui permettent une vie digne».
«Intégrer»
Dernier cap: «Intégrer». L'idée de François est de
«construire une société interculturelle et ouverte» avec
«des villes accueillantes, plurielles et attentives aux
processus interculturels, des villes capables de valoriser la
richesse des différences dans la rencontre de l'autre».
Pas question donc pour François dans ce discours central
du voyage - et récurent de son pontificat - de considérer
l'Europe comme un bastion chrétien à défendre. Au Maroc,
pays symbolique de la frontière entre l'Afrique et le Vieux
Continent, il voit une porte ouverte vers une société
multiculturelle et non des murs de protection. Plusieurs,
dans son entourage estiment que ce message est l'objet
central de ce voyage. De fait,
le Pape avait regretté ne pas
avoir pu venir lui-même signer le pacte de Marrakech
, en
décembre 2018.
AU MAROC, LE PAPE FRANÇOIS SOUTIENT LES MIGRANTS
AFRICAINS EN MARCHE VERS L'EUROPE