Janvier - Février - Mars - 2018
OlomBaovao N°117
1
LUCIEN BOTOVASOA,
NOUVEAU BÉATIFIÉ DE MADAGASCAR
En France, les saints se
comptent par centaines
ou milliers et beaucoup
d’entre eux sont des
figures connues dans le
monde.
A Madagascar, il n’en est pas ainsi. Un seul saint est
canonisé, et c’est un jésuite français, saint Jacques
BERTHIEU, assassiné en 1896. Le 15 avril 2018 prochain
sera célébrée la troisième béatification, celle de Lucien
BOTOVASOA ( 1908-1947 ), un laïc, tertiaire franciscain,
mort martyr dans l’insurrection de 1947. La première
béatifiée, Victoire RASOAMANARIVO, épouse du
premier ministre, a veillé sur l’Eglise de Madagascar
pendant les années où la reine avait chassé tous les
prêtres. Le deuxième, Louis Rafiringa, était frère des
Ecoles chrétiennes.
Après de longues années d’un travail intense, menée
surtout par le père François NOIRET sj, la béatification
de Lucien aboutit enfin et va être célébrée à Vohipeno,
dans le diocèse de Farafangana, dont le nouvel évêque
vient d’être nommé.
Né en 1908, dans un village de la côte sud-est où les
missionnaires ne sont arrivés qu’en 1899, Lucien recevra
le baptême en 1922. Il est l’ainé de neuf enfants. Comme
il est bon élève, on l’envoie poursuivre sa formation
chez les Jésuites de Fianarantsoa. Il revient muni de son
diplôme et se marie avec Suzanne qui lui donnera huit
enfants.
L’intensité de sa vie chrétienne est impressionnante et
pas toujours facile à vivre pour ses proches. Lucien
anime plusieurs associations de jeunes chrétiens. Mais il
veut davantage ; il cherche une manière de vivre la
sainteté dans le mariage. Il découvre le Tiers-Ordre
franciscain, fonde une petite fraternité et s’y engage en
1944. Dès ce jour, il devient d’une pauvreté et d’une
piété extraordinaires. Directeur d’école, jusqu’alors tiré à
quatre épingles, il abandonne ses beaux vêtements et se
contente désormais de sandales, d’une chemisette et
d’un pantalon kaki.
Il s’astreint à une ascèse sévère, et explique qu’il fait
cela « pour se maîtriser et ne pas se laisser aller à ses
caprices ». Il se lève chaque nuit à minuit pour prier
longuement, puis se rend à l’église à 4 h devant le Saint
Sacrement jusqu’à l’heure de la Messe. Quand il jeûne, il
fait attention à ce que les repas familiaux soient toujours
aussi soignés et abondants. Sa probité est proverbiale et
sa curiosité intellectuelle dévorante. Outre le malgache
classique, il étudie le français, le latin, l’allemand, le
chinois, l’anglais. C’est un musicien hors pair : il joue du
clairon, tient l’harmonium, dirige la chorale paroissiale.
Tout cela, avec simplicité, sans la moindre affectation.
Son chapelet pendu à la ceinture, il prie sans cesse, en
chemin, aux champs, en allant à l’école... il fait des
tournées d’évangélisation dans les campagnes
environnantes le samedi ou le dimanche. Il fait sienne
la devise des jésuites : « Pour la plus grande gloire de
Dieu »
Une religieuse dit de lui : « Lucien était naturellement
surnaturel. Une force surnaturelle émanait de lui, de son
affabilité, de son visage rayonnant… » Entre la photo
prise le jour de son mariage à 22 ans et une autre prise à
38 ans, quelques mois avant sa mort, quelle différence !
On est frappé par l’intense spiritualisation du visage.
Quand la lutte pour l’indépendance commence à
Madagascar, les beaux-frères de Lucien y participent,
mais lui-même craint que cela finisse « dans le sang ». Il
est donc mis sur la liste noire des ennemis du peuple par
les indépendantistes. « Depuis des mois il prédit sa mort
à sa femme, à ses parents et amis, et prépare les siens à
tenir bon dans la foi ». En mars 1947, le dimanche des
Rameaux, l’insurrection éclate à 40 km de Vohipeno. Les
gens fuient dans la forêt. La Semaine Sainte se passe
dans les massacres : colons et fonctionnaires malgaches
sont tués par les insurgés. Le dimanche après Pâques,
Lucien rassemble catholiques et protestants et dirige la
prière : « Sa dernière Messe » disent les gens. Il prêche :
« Nous vivons la Pâque du Seigneur ; préparez –vous,
nos ennemis vont venir ; tenez bon », et l’on chante.
Dans la région, toutes les églises et écoles catholiques
sont brûlées. Le 9 avril, le roi Tsimihono qui règne sur le
bourg, décide s mort ainsi que celle de six autres
personnes. Lucien refuse de s’enfuir. Le lendemain, il
appelle son frère André, qui va le livrer : »je vais
mourir ; c’est à toi que je confie ma femme et mes
enfants. » Sa femme le presse de s’enfuir, sachant que
c’est elle et tous les siens qui seraient tués. Il lui dit :
« J’attends ce moment depuis longtemps, je suis prêt, je
ne craint pas la mort ; je crains seulement le moment où
le coupe-coupe s’abattra ; ma peine c’est de te laisser
seule avec les enfants. » Puis il promet de toujours
veiller sur elle et sur les enfants ; le dernier n’a que deux
ans et elle est enceinte, il le sait. Il lui fait ses
recommandations et se met en prière jusqu’au soir.
Vers 21 h, Lucien est conduit devant le roi. Il est prêt .
« Je sais que vous allez me tuer, si ma vie peut en sauver
d’autres, n’hésitez pas. Je vous demande seulement
d’épargner mes frères. » Sur le seuil de la porte, il se
retourne et prophétise au roi : « Roi, tu mourras
chrétien ; ce sera très dur pour toi, mais ne crains pas, je
serais là à côté de toi et tu seras baptisé. »
En chemin Lucien console les gens : « Dites à ma famille
de ne pas pleurer, je serais heureux,. C’est Dieu qui
m’emporte. » Arrivé à l’abattoir, près du fleuve, il
demande à prier . A genoux, il répète : « Mon Dieu,
pardonne à mes frères... Que le sang répandu à terre le
soit pour le salut de ma patrie ! » Il refuse d’être
attaché : »ne me liez pas, je me lie moi –même. » Il tient
son chapelet. Les trois bourreaux sont de ses anciens
élèves. Le coupe-coupe s’abat, on l’achève et on jette son
corps au fleuve. Il sera vu à l’embouchure quelques
jours après, toujours vêtu de sa tenue de tertiaire
franciscain.
Aussitôt, on dit : « On a tué et éteint la lumière, le
flambeau qui éclairait cette ville ! » Une femme enclot
l’endroit où son sang fut versé et l’on y plante une croix.
Peu à peu on parle d’apparitions de Lucien en rêve ou
en vision : toujours il conseille, avertit, encourage.
Plusieurs guérisons sont attribuées à sa prière. Les
chrétiens viennent su r le lieu où il a versé son sang. En
1964, le vieux roi Tsimihono mourant appelle le prêtre :
il lui dit que Lucien est là, qu’il l’entend ; il demande le
baptême et meurt en priant.
En 2006, Mgr Benjamin devient évêque du diocèse et
s’attelle à la cause. La première commémoration, grave,
sera vécue comme une délivrance. Enfin la
réconciliation ! La mort de Lucien est ressentie
maintenant comme une bénédiction et les anniversaires
suivants sont joyeux. Laissons pour finir la parole à l’un
des bourreaux : « Si Lucien n’avait pas livré sa vie, c’est
toute la ville qui aurait disparu. Ce qu’il voulait, c’est
être le dernier à mourir pour empêcher les gens de
s’entretuer ».
Ry Andriamanitra Rainay ô !
Misaotra Anao izahay.
Fa mihaino ny vavaka ataonay
mandrakariva Ianao.
Nitalaho taminao izahay.
Mba haneho anao ny voninahitrao
amin’ny fanambarana ny
mpanomponao
Lucien
BOTOVASOA ho anisan’ireo
Olontsambatra
.
Nekenao ny fangatahanay.
Koa indro fa ankatoavin’ny Eglizinao
maneran-tany.
Ho anisan’ireo vahoaka maro be.
Manompo Anao tsy tapaka any an-
danitra.
Sy mpivavaka ho an’ny Eglizy sy izao
tontolo izao izy.
Samabatra izahay fa manana modely
no sady matoky.
Ka manentana fa noho ny vavaka
ataony
Dia mba homeo anay
Ireo hatsaram-panahy rehetra
nananany.
Hahafahanay mijoro ho vavolobelonao
Eo amin’izay rehetra mifanerasera
aminay sy eo amin’ny seham-piainana
misy anay.
Miaraka amin’i Masina Maria Reninay.
Izay nitokian’i Lucien BOTOVASOA
fatratra.
Amin’ny alalan’i Jesoa Kristy zokinay
no angatahanay izany.
AMEN.
Rainay any an-danitra
.
Arahaba ry Maria
.
Voninahitra anie
.
Ry olontsambatra Lucien
BOTOVASOA, mivavaha ho anay (3).
Ry Fo Masin’i Jesoa, matoky anao
izahay
Izaho Mino (simbolin’ny Apostoly)
Cardinal BARBARIN
Lyon
Imprimatur :
Mgr José Alfredo Caires DE
NOBREGA
Evêque de Diocèse de Manajary