UNE ORDINATION DE JOIE
Octobre - Novembre - Décembre - 2017
OlomBaovao N°116
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Le Dimanche 18 Juin 2017, Fête du Saint Sacrement, Patrick RABARISON, de la Congrégation Missionnaire (Lazariste), a été ordonné
prêtre par Monseigneur Olivier LEBORGNE, Evêque d’Amiens
, en l’Eglise Sainte Anne d’Amiens. L’Eucharistie, Source et Sommet de la vie
chrétienne, est au cœur de la vie sacerdotale. Elle est d’abord un service, un ministère, que le prêtre reçoit et rend à l’Église et au monde. Patrick est né à
Levallois-Perret en 1980, ses parents d’origine malgache sont arrivés en France dans les années 60. Dans les années 2000 la famille entreprend une
démarche catéchuménale, parents et enfants (il a une sœur) deviennent tous catholiques. Des membres des Communautés Malgaches de Paris et
d’Amiens ont assisté à cette ordination de joie. Elle est partagée avec les lecteurs d’OLOMBAOVAO
Après avoir validé un master de géopolitique à la Sorbonne, Patrick entre au séminaire pour effectuer les deux cycles de formation pour devenir prêtre avec
une année chez les Lazaristes.
Ce 18 juin, en cette si belle église Sainte
-Anne, en présence de sa famille, de ses
amis, des paroissiens et d’autres
personnes venues d’ailleurs, il y avait
cette lumière non pas laiteuse mais d’
une blancheur singulière qui tombait
depuis le haut dans la croisée du
transept avec, tout en bas, devant les
quelques marches solennelles qui
accèdent au chœur, un homme debout,
presque frêle en son aube radieuse et
comme coiffé par cette coupole entière
qui prodiguait ce jour lumineux :
Patrick RABARISON.
On se crut dans ces grands tableaux de la peinture flamande où
l’édifice religieux dépasse les proportions de la raison et où la foi
transforme d’avance l’espace entier. En attente de son ordination se
trouvait donc cet homme de foi, ce diacre, prêt sans doute de toute
éternité et qui, à l’invite de l’Evêque : « Fils aimé, avant d’être
ordonné prêtre, il convient que vous déclariez devant l’assemblée
votre ferme intention de recevoir cette charge. Voulez-vous devenir
prêtre ? », il répondit : « Oui, je le veux ».
Personne ne doutait de cette réponse simple et grandiose : un fiat qui
se répandit dans l’église où les fidèles vivaient en cette moiteur que
procurent les grands évènements et que le beau temps de l’après-
midi ne faisait qu’augmenter.
« Voulez-vous accomplir avec sagesse et dignement le ministère de
la Parole ? » « Oui, je le veux ». La belle affaire ! C’en était même
amusant de la part d’un homme déjà en cette capacité de dire
saintement la Bonne nouvelle ! Fallait-il donc une ordination pour
consacrer ce que l’on savait déjà ? Mais en la nef qui ne vibrait pas
seulement de sa lumière furent aussi les chants et la musique et
surtout la prière, que dis-je l’action de grâce, que Patrick - et tous
avec lui -, eût sur le bord des lèvres. Annoncer va de soi : « que ma
bouche chante ta louange, Seigneur… ».
A l’issue de cette cérémonie il revint aux siens venus en nombre, non
pas son père décédé presque récemment et qui, bien sûr, fut présent
aux premiers propos de remerciements de Patrick, il revint à la
Communauté Malgache d’entonner l’hira gasy
« Feno fiderana
» qui
se répandit aussitôt dans ce grand bâtiment de foi dont
l’architecture, ce jour-là, s’arc-bouta en plein cœur des cieux. Plus
que ce chant, cette incantation, ce débordement firent alors monter
les larmes aux yeux.
Patrick, humble prêtre de la Joie.
Bernard FERY
.
Extraits de l’Homélie de Mgr
LEBORGNE :
(…)
Dans un monde tenté par le
consumérisme et l’utilitarisme, ou la
dignité de la personne humaine est si
souvent bafouée, le prêtre, serviteur de la
communauté et de sa communion,
devient un signe prophétique de la vie
possible pour tous, et pas seulement de la
survie ou du divertissement dans lequel
certains intérêts particuliers voudraient
nous enfermer. Au cœur de la violence
du monde, l’Eucharistie ouvre un autre
espace, un autre chemin : celui même du
don de Dieu toujours actuel, celui du
don par-delà nos violences et nos
trahisons, celui de l’à-venir toujours
rouvert dans l’engagement total du Fils pour la vie des hommes et donc de
nos contemporains, celui de la dignité de tous, à commencer par les plus
démunis.
Pour cela, avec Saint Vincent fondateur de la Congrégation de la Mission,
et en écho à la première Lecture, je demande pour toi, je demande pour tous
les prêtres – à commencer par moi-même et ceux du diocèse d’Amiens – un
vrai sens de la pauvreté.(…)
L’Eucharistie est un mystère de pauvreté : Dieu se dépouille de lui-même et
s’abandonne entre nos mains dans la banalité absolue de paroles
apparemment trop humaines et d’un petit peu de pain sans levain et de vin.
Et dans cette pauvreté, c’est la plus haute vie qui jaillit. Cher Patrick,
demande au Seigneur l’humilité profonde, mais ne sous-estime jamais le
ministère qu’il te confie. (…).