OlomBaovao N°120 (2019)

A QUOI SERT UNE RELIGION ? 3 Septembre à Octobre 2019 Un Français dit un jour :«le football est le premier sport collectif au Brésil » Un Brésilien lui répond : « Vous vous trompez, le premier sport au Brésil c’est le volley, le foot là-bas est une religion » Ceci me remet en mémoire la coupe d’Afrique des nations et la visite du Pape à Madagascar. Alors c’est quoi une Religion ? Question iconoclaste ? Pas du tout. C’est plutôt une question à laquelle on ne réfléchit pas trop, emporté par la force de l’habitude, jusqu’au jour où l’habitude finit par lasser et c’est alors la religion qu’on jette aux orties. La religion peut être comprise sous deux angles : celui de l’eschatologie et celui de l’étymologie. L’eschatologie signifie « étude des fins dernières de l’homme » cherche le rapport entre le message, par exemple celui de l’Evangile et la question de la mort qui jette toujours l’angoisse au cœur des hommes. C’est ainsi que Religion peut être définie d’abord comme une « quête de sens », dans les deux acceptions du mot : Sens = direction = Où vais-je ? Dans quelle direction je conduis ma vie ? Sens = signification = Qu’est-ce que ma vie ? Qu’est-ce que je fais sur terre ? et après ? Y-a-t’il un après ? L’ Europe, largement déchristianisée, a opéré la rupture avec l’enseignement religieux proprement dit (celui du salut, de la sagesse, de la vie bonne…) considéré comme ringard pour ne plus pratiquer que l’enseignement laïque et scolaire du « fait religieux » laissant une certaine partie de sa jeunesse désorientée dans sa quête de sens, dériver vers d’autres formes, parfois dangereuses de religiosité sinon, c’est peut-être un moindre mal, vers une religion de substitution réunissant les foules comme par exemple lors d’une coupe du monde de foot ! L’étymologie étudie l’origine et la filiation des mots et apporte un éclairage intéressant sur leurs sens. Ainsi découvrons-nous que religion vient de 2 mots latins : relegere et religare . Grégoire ANDRIANTSALAMA Le premier renvoie à l’idée de « relecture » des textes (philosophiques, mais aussi religieux) pour en découvrir les sens cachés car la simple lecture littérale peut provoquer, soit le rejet des textes que certains trouvent infantiles et invraisemblables, soit à l’inverse conduire au fanatisme celui qui prend tout au pied de la lettre. Aussi faut-il prendre en compte 3 autres niveaux de relecture, et le laïc que je suis se contente de les énumérer sans les développer, laissant aux prêtres le soin des les expliciter selon la perspective théologique. Lecture allégorique (représentation imagée d’une idée abstraite) ; lecture tropologique ou métaphorique (sens figuré) ; et lecture anagogique (sens mystique qui fait passer le devant opaque dans un dedans lumineux). Le deuxième mot « Religare » signifie relier : «Relier l’homme à Dieu et aussi relier les hommes entre eux ». Et c’est là que prend sens la visite du Pape à Madagascar. Le Saint Père a retissé les liens déjà très forts entre Dieu et les Malgaches par ses interventions et surtout par la grandiose Messe qu’il a célébrée à Soamandrakizay. Ensuite les Malgaches se sont reliés entre eux d’une façon miraculeuse et inimaginable, décrite (et consultable) sur Youtube par une observatrice qui parle d’un vrai miracle en 5 points : 1. Utilisation sans bousculade aucune des trottoirs ; 2. Abandon de la triste habitude du « misisika » qui a fait 16 morts le 26 juin ; 3. Respect étonnant de l’ordre par un million de personnes sur un espace de 75ha ; 4. Manifestation prodigieuse de la FOI ; 5. Production d’efforts surhumains pour réaliser le rêve d’assister à la messe du Pape). Et que dire de l’engouement extraordinaire des Malgaches du pays mais aussi de toutes les diasporas de France, d’Europe et du monde, autour des « Bareas »sinon qu’il s’agissait là d’une véritable religiosité laïque !

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