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Août - Septembre - Octobre - 2018
Ce à quoi nous sommes accoutumés, lorsqu’une
personne ayant notoriété apporte un enseignement, c’est
de nous focaliser sur ce qu’elle est, et non sur ce qu’elle
dit. «
Qui est cette personne
?
De quelle famille est-
elle issue ?
» Non, elle n’a rien de particulier par
rapport à nous. Ce n’est même pas quelqu’un qui est
allé acquérir le savoir au-delà des mers.
Quelle frustration ! L’on ne s’attendait point à ce qu’un
homme issu du petit peuple fût doté d’une telle science !
Ce qui est arrivé à Jésus, selon l’Evangile de St Marc, est
quelque chose de très fréquent dans notre société à nous
qui sommes baptisés, oui, même nous qui appartenons à
la même Paroisse. La première préoccupation n’est ni
l’enseignement, ni le message à transmettre et à partager
mais la personnalité du porteur.
Jésus nous apprend ici à nous faire confiance les uns en
les autres dans la mesure où, aux yeux de Dieu, nous
sommes sans prix, quelle que soit notre faiblesse, puis à
nous prêter attention l’un à l’autre car pour Lui, nous
sommes au même niveau, quelles que soient nos classes
et nos conditions sociales. Aucune raison ne justifie
donc la discrimination.
Nous en trouvons confirmation dans la première et
deuxième Saintes Lectures. Ézéchiel a été appelé pour
remplir une mission. Lors de cette mission, il n’a jamais
parlé en son nom, il a toujours parlé au nom de Dieu.
C’est ainsi que nous devrions concevoir ce que nous
vivons quotidiennement au sein de l’Église. Nous tous,
toutes responsabilités confondues : Président, Religieux,
Prêtres et animateurs des Commissions, n’oublions pas
que nous sommes, tel Ézéchiel, des instruments aux
mains de Dieu, n’ayant pas vocation à parler en nos
noms, mais obligation à parler au nom de Celui qui
nous a envoyés selon ses volontés et toujours à nous
référer à Lui au lieu de nous imposer de par notre
autorité.
Il en est de même pour nous, chrétiens simples
membres, évitons la ségrégation car ceux qui ont été
appelés à des responsabilités sont des prophètes
messagers et c’est à ce titre que nous accueillerons leur
mission et non parce que ce sont des gens de notre
entourage dont nous connaissons l’origine sociale.
Saint Paul a été sacré apôtre non par ses mérites mais
par la grâce de Dieu. C’est là l’exemple par excellence
que nous offre l’Église. Toutefois, il faut prendre des
précautions afin que ne soit pas détournées les paroles
des Écritures.
Si nous avons été appelés à remplir une mission à la
différence des autres présidents de l’Église ou de
communauté spirituelle autant que les religieux, que les
prêtres, que nous, les évêques - ce n’est pas parce que
nous avons plus de mérites que d’autres, c’est par la
grâce de Dieu et ce que Dieu a dit à Saint Paul est très
explicite : « Ma Grâce te suffit ». C’est la Grâce de Dieu
qui nous a portés à accomplir ce sacerdoce.
Saint Paul ne s’enorgueillit pas de sa faiblesse: il
s’enorgueillit d’être conscient de sa faiblesse et c’est là le
premier tremplin qui nous amène à la contrition garante
du changement.
Nous communierons en prières en ce 14è Dimanche du
Temps Ordinaire –Année B, afin de nous écouter les uns
les autres et nous faire confiance les uns en les autres.
C’est une tâche ardue car nous sommes plutôt enclins à
mettre en relief les défauts d’autrui, mettant ainsi un
obstacle entre nous et l’écoute des messagers. Aussi, que
nous soyons Prêtres, Religieux ou Laïcs, sommes-nous
tenus à témoigner notre foi et à ne pas craindre de nous
ancrer à cette foi face aux persécutions et autres
calomnies. Jésus l’a déjà subi et supporté, aussi
supplions-le de nous donner force d’âme et énergie
spirituelle pour affronter ces obstacles à la concorde
sociale. Nous nous porterons dans nos prières afin de
nous débarrasser de cet état d’esprit d’écoute sélective.
Priez en même temps pour moi face à l’immense et
sainte tâche spirituelle à moi confiée et par l’Église et
par notre pays, pour que la Grâce de Dieu accompagne
toujours la conduite du peuple de Dieu, conduite qui
m’incombe personnellement.
AMEN
Cardinal Désiré TSARAHAZANA
Archevêque de Toamasina
Président de la Conférence des Evêques de Madagascar
« D’OÙ CELA LUI VIENT-IL ?
QUELLE EST CETTE SAGESSE QUI LUI A ÉTÉ DONNÉE ? »
(MARC 6 ,2)