LES PREMIERS MAUX DE NOTRE PAYS
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Août - Septembre - Octobre - 2018
Madagascar était considéré autrefois comme une île paisible ! Notre pays
faisait partie d'une zone de Paix.
D’aucuns n’ignorent que depuis des décennies notre patrie est rongée par une
instabilité chronique. Pour résoudre les crises politiques on a trouvé des
solutions « pommade ». Elles calmaient le jeu sur le très court terme mais ne
faisaient qu’empirer les choses au-delà.
Madagascar est-il un pays voué à l’échec politique, aux travers sociaux et
économiques ?
Est-il condamné à vivre une éternelle maladie, dévastatrice de toute tentative
de stabilisation des institutions ?
Quel est vraiment le mal qui saccage progressivement mais sûrement notre
pays ?
En réponse nous avons, entres autres, essayé d’identifier deux sortes
d’ennemis : les uns viennent de l’extérieur et les autres de l’intérieur.
1. Ennemi venant de l’extérieur ?
Dans notre monde d’aujourd’hui, il est peu probable qu’un ennemi extérieur
vienne attaquer physiquement Madagascar !
L’ennemi extérieur agit sournoisement. Généralement, l’attaque de l’après
indépendance n’est autre que l’ingérence politico-économique néocoloniale !
Ensuite, venait l’influence de la guerre froide.
Les pays nouvellement décolonisés se voyaient être le théâtre de la
mésentente entre les deux blocs.
Ceux-ci exportaient parfois leur guerre dans ces pays. Après la disparition du
monde bipolaire, le danger extérieur est de moins en moins visible.
L’éclatement du bloc communiste et l’émergence des nouvelles puissances
ont changé la donne.
Aucun pays ne pouvant vivre seul et ignorer le besoin de négocier avec les
autres. C’est la mondialisation. Elle est à double tranchant. D’un côté, la loi du
marché impose le rythme sans tenir compte des difficultés des pays faibles.
De l’autre, il y a de plus en plus de choix de partenaires
commerciaux. La multipolarisation du monde peut être un atout si on s’y
donne les moyens. Le danger pour nous est de ne pas savoir négocier en
fonction de nos intérêts, de l’intérêt du peuple malagasy.
Le cas de figure est ainsi caricaturé : le peuple prête son pouvoir aux
dirigeants pour qu’ils le défendent des attaques extérieures. D’ailleurs, ces
attaques se privatisent de plus en plus. Ce qui met les États en position de
partie contractante. Ils doivent en effet disposer des moyens nécessaires pour
bien défendre leurs intérêts face aux puissantes firmes multinationales. Ces
moyens se trouvent au niveau national ainsi qu’à l’échelle régionale voire
internationale (accords et conventions). Un autre moyen sans lequel les autres
tombent à l’eau existe et on doit s’y accrocher coûte que coûte : l’intérêt
supérieur du peuple.
2. Le danger de l’ennemi intérieur
Si nous avions de bons dirigeants, les attaques extérieures pourraient être
évitées ou, à la limite, atténuées. Par contre, l’ennemi intérieur est
difficilement contrôlable voire même imprévisible. On peut catégoriser deux
sortes de dangers domestiques : le danger du fait des esprits collaborateurs
avec l’ennemi extérieur ; le danger qui n’est autre que nous mêmes.
a. Les collaborateurs
Dans l’histoire de l’humanité il y a toujours eu des trahisons. Ces dernières
ont toujours été dévastatrices tant elles viennent de son propre camp. Non
seulement elles font périr des vies mais également anéantissent tout l’homme
et ses espoirs.
Dans ce cadre là, la reconstruction ne peut s’appuyer que sur un grand
sursaut d’élan national. La France a connu cela à la deuxième guerre
mondiale. La collaboration avec l’occupant nazi s’installait et commençait à
anéantir toute velléité de résistance dans le pays. Mais il y a eu le sursaut du
fameux appel du 18juin. Généralement, dans ce genre de situation on a besoin
(si ce n’est obligé) de travailler avec des pays qui n’ont pas intérêt à ce que
votre pays s’enfonce. C’est ce qu’a fait la France. Sans les alliés, on ne peut pas
imaginer où elle en serait aujourd’hui. Ensemble ils ont, d’abord, lutté contre
l’ennemi français de l’intérieur pour être unis afin de vaincre l’ennemi
extérieur !
Si Madagascar veut peser dans le concert des nations, s’il veut avoir des alliés,
il va falloir qu’il nettoie sa propre maison et balayer devant sa porte.
Un autre exemple est le cas de la méthode coloniale consistant « à diviser
pour mieux régner ». Il fallait donc bien détecter et exploiter l’ennemi
intérieur : la division.
Alors que la France avait souffert de ses ennemis intérieurs (les collabos), elle
n’avait pas hésité à pratiquer le recrutement des collabos indigènes pour
mieux mater la résistance des autochtones. Les collabos peuvent agir de leur
plein gré ou à contrecoeur. Peu importe, le fait est qu’ils soient du côté de
l’ennemi intérieur ! Et rien n’est plus fracassant que de se faire trahir par son
propre « compagnon ».
Le mot compagnon signifie ici individus qui devraient être unis par la même
cause du fait de la domination étrangère sur leur Nation. C’est ce qui s’est
passé à Madagascar !
On a mis en place un mécanisme de domination en recrutant des « bourreaux
» nationaux et « sénégalais ». Ici, le terme bourreaux va au-delà du sens «
exécution ». Il comprend également le synonyme de la disparition recherchée
de toute résistance nationale, des aspirations socioculturelles.
Entre autres exemples, nous avons eu les Mpiadidy (sous la royauté merina
les Mpiadidy étaient une sorte du dépositaires de l’autorité royale dans les
villages) transformés par les colons en une machine opérationnelle à broyer la
résistance locale. Nous avions droit également aux chefs de cantons, chefs de
district.
L’administration coloniale ne ménageait pas ses efforts pour recruter des
fonctionnaires « citoyens » pour servir leurs intérêts. Cela a marché. Certains
malagasy se trouvaient ainsi à leur bon gré ou malgré eux en position
d’ennemi de la nation. Nous avions eu un sursaut dans tout le pays mais, un
peu mal organisé et surtout aurait subi une trahison, il se trouvait réprimé
avec toute les horreurs inimaginables (torture, bombes humaines, tuerie,
miaramilam-potaka, ...). Heureusement, ce genre d’obstacle finit toujours par
sauter car tout compte fait il vient quand même de l’extérieur. Mais il restera
des collabos nostalgiques de leurs positions d’antan. L’ancienne mère patrie
en a profité pour asseoir la françafrique. Elle se pose ainsi en faiseur de roi
mais toujours en collaboration avec l’ennemi intérieur.
Avec le temps cela passera. Nous portons ici notre respect et rendons
hommage aux tiatanindrazana qui ont lutté jusqu’au bout au prix de leur
unique vie. Ils l’ont fait, non pas pour eux, mais, pour les générations futures.
Soyons-en dignes.
b. Le redoutable ennemi intérieur
Nous l’appelons redoutable ennemi intérieur puisqu’il n’a pas eu besoin
d’une incitation ou une obligation venant de l’extérieur pour se dresser contre
sa propre nation. Pour ce genre de rongeur de la patrie, la part la plus grande
du danger vient de nous mêmes.
On a beau fustiger le rôle de certains pays dans nos crises politiques mais ils
sont là justement pour profiter de nos erreurs. Ils sont là pour maximiser leurs
ingérences en fonction de nos âneries. À partir du moment où il nous est
impossible tout d’abord de faire une autocritique nous nous enfoncerons dans
le gouffre.
Notre problème est que nous avons tendance à renvoyer la faute, quelle
qu’elle soit, aux autres (danger extérieur).
Pour faire simple : le principal danger est le non respect de la constitution, la
violation de la loi. Comment espérions nous construire un État fort en dehors
du respect des textes en vigueur ? Nous pensions, à tort, que la démocratie se
construisait uniquement par la rue. Or, elle se construit d’abord dans la tête et
être traduite par les actes. Nous options pour la force militaro-civil pour
construire la liberté. Sachons que le fusil peut maintenir l’ordre pendant un
moment mais en aucun cas ne puis contenir indéfiniment un sentiment de
révolte.
Il n’y a pas de liberté sans règle ni de démocratie sans le peuple. Il n’y aura
pas de stabilité sans la volonté politique. Nous n’avons pas besoin de